samedi 13 juillet 2019

Messe d’ouverture de « Premières Journées Diocésaines des Jeunes au diocèse d’Isiro-Niangara »

 
 Le Diocèse d’Isiro-Niangara, à travers la Commission Diocésaine des Jeunes, organise du 11 au 14 juillet 2019 les PREMIERES JOURNEES DIOCESAINES DES JEUNES au sein de la paroisse Saint Rosaire d’Isiro. « Jeunesse et Mondialisation », tel est le thème qui a été choisi. L’ouverture officielle desdites Journées a été faite ce vendredi 12 juillet, lors de la messe inaugurale  présidée par Son Excellence Monseigneur Julien ANDAVO à l’enceinte de l’église  paroissiale de Saint Rosaire.  Il a invité les jeunes à écouter et à méditer la Parole de Dieu en vue d’être le sel de la terre et de briller de la lumière du  Christ dans ce monde aux prises avec des antivaleurs. Prenant la parole, l’Abbé Patrick ABULE, Président de la Commission Diocésaine des Jeunes,  a souhaité la bienvenue à tous les participants: « Nous voulons faire écho de la conscience catholique des jeunes d’Isiro-Niangara en communion avec l’Eglise universelle, a-t-il poursuivi en invitant les jeunes à la bonne conduite et au respect de l’horaire établi.
Après la messe solennelle d’ouverture, deux communications ont été faites aux jeunes. La première, celle de Mgr Andavo, intitulée, « Les Jeunes du diocèse d’Isiro-Niangara et la Mondialisation », s’inspirant du Compendium de la Doctrine Sociale de l’Eglise, Mgr l’Evêque a invité les jeunes à ouvrer pour la promotion intégrale de l’homme à travers la justice sociale, le respect des valeurs évangéliques du mariage comme socle de la société et de l’Eglise, le travail comme source d’épanouissement de l’homme ainsi que la culture démocratique fondée sur le pouvoir comme force morale. La seconde communication, celle de la révérende Sœur Célestine SUMANENDE a porté sur la coresponsabilité des jeunes dans le bon usage des voies et moyens de communications. Différentes animations musicales et culturelles ont ponctué toutes ces activités ayant une coloration festive, surtout que ces jeunes se rencontrent et échangent des expériences. Toutes les activités sont scandées par un slogan : Vive la Jeunesse, vive le diocèse d’Isiro-Niangara.
Il convient de rappeler que le Diocèse d’Isiro-Niangara,  qui s’étend sur une superficie de 60.000 Km, se situe dans le Nord-est de la République Démocratique. IL compte 23 paroisses réparties dans trois Doyennés.
D’Isiro, Abbé Jean-Claude MANVOTA,  pour la Radio Maria Kinshasa (12 juillet  2019)
Le texte intégral de la conférence de Son Excellence Monseigneur l’Evêque

Mgr Julien Andavo Mbia <avisirensis@yahoo.fr> 

PREMIRES JOURNEES DIOCESAINES DES JEUNES

LES JEUNES DU DIOCESE D’ISIRO-NIANGARA
ET LA MONDIALISATION
Pour relever quelques défis fondamentaux

INTRODUCTION
Bien chers participants,
Il y a plus d’un mois et sur proposition du Président de la Commission diocésaine des Jeunes (CDJ), j’ai convoqué le rassemblement prenant son envol dès aujourd’hui. Ce rassemblement porte le nom de « Premières Journées diocésaines des Jeunes ». Le diocèse évoqué par cette désignation n’est nul autre que celui qui constitue notre Eglise particulière : le Diocèse d’Isiro-Niangara. La convocation s’est effectuée en énonçant en même temps le thème central appelé à gouverner les journées concernées ; c’est le thème : « Les jeunes d’Isiro-Niangara et le défi de la Mondialisation ».

Ce choix est certainement motivé par l’actualité du phénomène dit « mondialisation ». C’est que de nos jours, non seulement il est très souvent à la une sur les lèvres de bien de nos contemporains ; il existe même une importante publication en l’Eglise catholique qui consacre des pages très parlantes sur le thème de « mondialisation ». C’est l’œuvre appelée « Compendium de la Doctrine Sociale de l’Eglise » (CDSE).

Or précisément en rapport avec cette thématique, ladite publication contient une assertion qui ne peut laisser indifférent tout observateur avisé qui s’y intéresserait. C’est l’affirmation selon laquelle, la mondialisation a une « signification plus large et plus profonde que le simple aspect économique, car une nouvelle époque s’est ouverte dans l’histoire et concerne le destin de l’humanité » (n. 16). La présente brève intervention, qui vise à encourager de votre part des engagements conséquents, vous les jeunes d’Isiro-Niangara rassemblés pour vos premières journées diocésaines, permettez-moi de la consacrer essentiellement au relèvement de ladite « signification plus large et plus profonde ».   

En clair, je voudrais tenter, à travers les lignes qui suivent, de dégager le contenu dudit CDSE pour autant que celui-ci porte sur le thème de « mondialisation ». Pour ce faire, il peut suffire de circonscrire le traitement – dans cette importante publication – de la thématique d’économie, avant de compléter l’effort en dégageant schématiquement l’approche des autres thématiques. Je terminerai en esquissant les défis majeurs qui en émanent à votre endroit – vous qui êtes composés majoritairement de fidèles Laïcs.  Pour commencer, une brève introduction s’impose, qui porte sur l’auteur du compendium concerné, ainsi que sur les références explicites aux Laïcs comme destinataire de l’œuvre.

1.     INTRODUCTION

a.     AUTEUR DE LA PUBLICATION

En parcourant en diagonal l’œuvre, l’on ne manque pas de remarquer les passages faisant état de l’auteur, lequel est formé par un groupe de sujets. En d’autres termes, notre compendium émane d’un collectif. Lesdites indications afférentes se lisent dans les numéros 7-8 et 79.

En effet, à en croire le numéro 79, l’on doit admettre l’Eglise tout entière comme auteur de la Doctrine coulée. Mais à ce niveau, l’on devrait qualifier ce groupe d’auteurs de potentiel ou théorique.

Une telle compréhension émane de deux séries d’affirmations en tension entre elles. D’une part, le groupe d’auteurs soulignera très bien que la doctrine sociale est à attribuer à l’Eglise en tant que telle : l’Eglise en est le sujet, car « c’est elle qui l’élabore, la diffuse et l’enseigne ». Et l’on doit entendre par « Eglise » le Pape ainsi que les évêques dont « l’enseignement social… offre des apports valables et des stimulants au Magistère du Pontife romain » ; mais aussi les autres catégories assumant la même compétence, telles les catégories de prêtres, religieux et laïcs. Bref toute la communauté ecclésiale concourt à « constituer la doctrine sociale, selon la diversité des devoirs, des charismes et des ministères en son sein ». Par ailleurs, enfin, ladite doctrine constitue « un Magistère authentique, exigeant « l’acceptation et l’adhésion des fidèles ». Toutefois, d’autre part, intervient cette nuance de taille : « le poids doctrinal des différents enseignements et l’assentiment qu’ils requièrent doivent être évalués en fonction de leur nature, de leur degré d’indépendance par rapport à des éléments contingents et variables et de la fréquence avec laquelle ils sont rappelés » (n. 79).

Le qualificatif d’auteurs potentiels appliqué au groupe relevé provient de ces assertions en tension entre elles

En réalité, l’auteur effectif du volume, c’est bien plutôt le Conseil Pontifical « Justice et Paix » qui a eu à élaborer ladite mine d’enseignements. Ce Conseil, à cet effet, fait parler divers textes marquants, tels que : des documents conciliaires, encycliques et discours de papes, ainsi que des élaborations du Saint-Siège. Cet acte que ledit Conseil a posé après avoir consulté ses membres et Consulteurs, certains dicastères de la Curie romaine, des Conférence épiscopales de divers pays, des évêques ainsi que des experts des questions traitées (n. 7). Du reste, le collectif ne manquera par d’ajouter cette remarque de taille : « les applications légitimes requises par la diversité des situations locales sont laissées aux Conférences épiscopales » (n. 8).

Comme pour dire : quelques-uns de nos frères et sœurs Laïcs ont largement contribué eux aussi à la rédaction de l’œuvre qui nous intéresse.

b.     DE LA DESIGNATION DES LAÏCS COMME DESTINATAIRES

En parcourant attentivement l’œuvre soumise ici à notre lecture, on y trouve au total deux passages faisant mention de « Laïcs » comme destinataire de l’écrit. Le tout premier volet se voit dans la présentation générale de la publication, que signent le Président du Conseil Pontifical et son secrétaire. Ceux-ci précisent explicitement ceci : « la lecture de ces pages est avant tout proposée pour soutenir et inciter l’action des chrétiens dans le domaine social, en particulier des fidèles laïcs, dont c’est le milieu spécifique ; toute leur vie doit être une œuvre féconde d’évangélisation » (p. XI).

Après quoi, c’est au numéro 11 qu’apparaîtra la mention de ces destinataires. L’interpellation intervient après citation des autres instances en suivant l’ordre hiérarchique. En effet, le collectif mentionne au point de départ les évêques comme destinataires de la publication ; eux dont le « munus docendi » consiste à enseigner que « selon le dessein de Dieu Créateur, les réalités terrestres elles-mêmes et les institutions humaines sont également ordonnées au salut des hommes, et qu’en conséquence elles peuvent contribuer d’une façon non négligeable à l’édification du Corps du Christ ». Dans le deuxième temps, mention sera faite de prêtres, religieux-et-religieuses ainsi qu’en général, de formateurs, invités à trouver dans le document « un guide pour leur enseignement ».

Et une double mention clôt la liste desdits destinataires, laquelle mention porte sur la désignation de la composante laïque de notre chrétienté. L’on peut bien y découvrir, pour commencer, l’indication ci-après : « Les fidèles laïcs, qui cherchent le Royaume des Cieux et à qui il revient d’éclairer et d’orienter, selon Dieu, ‘toutes les réalités temporelles’, y trouveront une lumière pour leur engagement spécifique » ; ensuite, notre groupe d’auteurs désigne cette frange du peuple de Dieu par la mention globale de « Communautés chrétiennes » : « Les communautés chrétiennes pourront utiliser ce document afin d’analyser objectivement les situations, les éclairer à la lumière des paroles immuables de l’Evangile, et y puiser des principes de réflexion, des critères de jugement et des orientations pour l’action ».

En conclusion de notre introduction, l’on peut reconnaître la pertinence de notre option initiale de chercher à vous interpeller à travers la lecture en perspective de l’œuvre CDSE.

2.     DU TRAITEMENT DU THEME « ECONOMIE »

Pour tenter de montrer la non-gratuité de l’affirmation du collectif selon laquelle la mondialisation revêt une portée s’étend jusqu’au-delà du seul secteur de l’économie, l’exploitation d’une voie appropriée se prête bien à propos ici : rapprocher son développement sur ladite thématique avec l’approche faite de celle-ci dans une autre œuvre collective : Le Grand Larousse de 2018. Quelles remarques s’imposent-elles de ce rapprochement ?

a.     DU CONTENU DE GRAND LAROUSSE 2018

Ce qui peut attirer l’attention pour commencer, dans cette autre œuvre collective, c’est la forme verbale du concept de mondialisation. En effet, le Grand Larousse relève les significations de ces deux verbes : le verbe transitif « mondialiser » et le réflexif « se mondialiser ». Le verbe « mondialiser » signifie, dit-il, « donner à quelque chose un caractère mondial ». Quant au verbe réflexif « se mondialiser », il note que c’est le fait de « prendre une extension mondiale ». Et il en arrive à illustrer cette précision à travers l’indication suivante : l’ajout à titre d’exemple de la remarque « la crise financière s’est mondialisée ». Que notent les auteurs au sujet du substantif « mondialisation ».

Ils taisent les retombées négatives du processus sur lequel ils insistent. C’est précisément à ce niveau que surgira une divergence entre les deux publications.

Le développement du Gran Larousse s’effectue en trois temps. Dans le premier en temps, après le relèvement du genre féminin dudit substantif, est avancée la portée ci-après de ce dernier ; l’on se doit d’y entendre « le fait de devenir mondial, de se mondialiser ».

Dans le deuxième temps, les auteurs attireront l’attention sur la portée économique du vocable ; c’est, diront-ils, une « extension du champ d’activité des agents économiques (entreprises, banques, Bourses), conduisant à la mise en place d’un marché mondial unifié. Et de compléter cette explicitation par l’ajout du synonyme « globalisation ».

Enfin, c’est l’étalage de l’unilatéralisme dont on parle : la mondialisation c’est, souligneront-ils, « un phénomène qui affecte à la fois la sphère réelle de l’économie – c’est-à-dire la production et la consommation des biens et des services – et la sphère financière (monnaies et capitaux). Elle se traduit par une recomposition de l’espace économique mondial au sein duquel le modèle occidental d’économie de marché s’étend aux pays dits ‘émergent’ et suscite de vives oppositions, qui prennent la forme soit de l’antimondialisation, soit de l’altermondialisation ».

b.     DE L’APPORT DU CDSE

Par sa réflexion contradictoire, le groupe d’auteurs du CDSE explicite son affirmation lumineuse selon laquelle la mondialisation comporte une « signification plus large et plus profonde que le simple aspect économique… ».

L’apport contrasté s’effectue lui aussi en deux temps, correspondant à deux séries de développements : le numéro 5 d’un côté, et les numéros 361-367 de l’autre.

Dans le premier passage sont relevées les retombées négatives de l’expansion du capitalisme occidental ainsi mis en lumière. Pareille expansion, remarque-t-on, ne va pas sans semer un désastre dans l’autre versant de l’humanité, comme le collectif Le Grand Larousse de 2018 voudrait bien le faire croire. En effet, il en résulte des larmes versées par des victimes, évoquées avec pertinence en ces termes : « Tant de frères nécessiteux attendent de l’aide, tant d’opprimés attendent la justice, tant de chômeurs attendent de l’aide, tant d’opprimés le respect : ‘Est-il possible que dans notre temps il y ait encore des personnes qui meurent de la faim, qui restent condamnées à l’analphabétisme, qui manque de soins médicaux les plus élémentaires, qui n’aient pas de maison à s’abriter ? Le tableau de la pauvreté peut être étendu indéfiniment, si nous ajoutons les nouvelles pauvretés aux anciennes, nouvelles pauvretés que l’on rencontre souvent dans des secteurs et des catégories non dépourvus de ressources économiques, mais exposées à la désespérance du non-sens, au piège de la drogue, à la solitude du grand âge ou de la maladie, à la mise à l’écart ou à la discrimination sociale (…) Par ailleurs, comment nous tenir des perspectives d’un désastre écologique, qui fait que de larges zones de la planète deviennent inhospitalières et hostiles à l’homme ? Ou devant les problèmes de la paix, souvent menacée, avec la hantise de guerres catastrophique ? Ou devant le mépris des droits humains fondamentaux de tant de personnes, spécialement des enfants ? » (n.5).

D’autre part, sous la rubrique « la mondialisation : les opportunités et les risques », le groupe d’auteurs du CDSE dévoile à travers une pittoresque description la vraie face – au niveau économique – laquelle face est qualifiée de « phénomène complexe de la mondialisation économique et financière ».

L’élaboration renferme le relevé des avancées affectant les secteurs économico-financier et communicationnel avec aussi bien des avantages, inconvénients-et-risques que des suggestions en termes de réformes ou remèdes de ce niveau complexe. Je voudrais m’en faire brièvement écho avant de terminer par une remarque conclusive.

i.       Les domaines précis concernés

Ce sont le commerce de biens et services, ainsi que les transactions financières entre les acteurs nationaux et internationaux avec l’un ou l’autre rôle des marchés financiers, accompagnés des hauts et bas. Ce à quoi s’ajoute le domaine technologie comme dispositif à valoriser.

Les autres partenaires impliqués, ce sont les dirigeants ou ressortissants des pays avancés et ceux en voie de développement, ainsi que la communauté internationale et diverses régions de la planète susceptibles de bénéficier ou non des progrès accomplis. Et il y a enfin des organisations de la sociétés civile.

ii.                 Les opérations impliquées et leurs retombées

Sous l’effet de la mondialisation, se constate entre autres l’intégration croissante d’économies nationales sur le plan du commerce des biens et services et des transactions dans lequel toujours plus d’opérateurs adoptent une perspective globale pour des choix qu’ils doivent opérer en fonction des opportunités de croissance et de profit. Le nouvel horizon de la société globale se définit non seulement par la présence des liens économiques entre acteurs nationaux dans différents pays, mais aussi « par la capacité d’expansion et par la nature absolument inédite du système de relations qui est en train de se développer ». Grâce à la libération des échanges et de la circulation des capitaux, « le rôle des marchés financiers est toujours plus décisif et central ». Somme toute, il y va « d’une réalité multiforme qui n’est pas facile à déchiffrer » dans la mesure où « elle se développe à l’infini suivant des mouvements difficilement prévisibles ».

A noter que l’on ne peut perdre de vue ici une synergie entre les phénomènes « mondialisation économique et financière » et « progrès technologique », du fait qu’ils se renforcent mutuellement et donnent, comme résultat, la rapidité de « la dynamique globale en l’actuelle phase de l’économie ».

Il est enfin des phénomènes à même de jouer un rôle de renforcement des effets pervers : la détérioration continuelle des termes de changes en pays dits en voie de développement et les mesures protectionnistes des dirigeants politiques de pays nantis.

Les résultats irréfutables, ce sont les suivants : non seulement la provocation des inégalités entre les deux groupes de pays concernés, mais également, à un degré moindre, parmi les ressortissants des pays dits « développés » ; en plus, il en provient l’augmentation du fossé entre les deux groupes de pays cités. Des maux qui se doublent de bafouement du respect dont sont victimes les ressortissants de pays défavorisés. A relever enfin que l’exploitation à outrance des ressources naturelles, encouragée par les progrès technologique et électronique, met en mal le système écologique, hypothéquant du coup le sort des générations futures eu égard au sain habitat naturel auquel elles ont droit, tout comme le droit des sujets de pays défavorisés à bénéficier de la même saine écologie.

a.     Les voies d’issue

Y aurait-il lieu à attendre un sursaut correcteur du côté de la libre circulation des capitaux et de l’intervention de la communauté internationale pesant de son poids pour le respect des droits humains des sujets des régions défavorisées ? Il y a plutôt à déchanter. C’est que la libre circulation des capitaux « n’est pas suffisante en soi pour favoriser le rapprochement des pays en voie de développement de ceux plus avancés » (n. 363). D’autre part, ladite communauté internationale accuse beaucoup d’hésitations à jouer le rôle attendu de sa part. Il s’avère ainsi très difficile « d’assurer une mondialisation dans la solidarité, une mondialisation sans marginalisation » (idem).

L’amélioration espérée ne pourra provenir que des organisations non gouvernementales (dont l’Eglise catholique elle-même) et des sujets des pays défavorisés, appelés à peser de tout leur poids pour la reconnaissance de leurs diversités culturelles locales. En effet, « la mondialisation ne doit pas être un nouveau type de colonialisme » ; d’autre part, ce phénomène « ne doit pas priver les pauvres de ce qui leur reste plus précieux, y compris leurs croyances et leurs pratiques religieuses, étant donné que les convictions religieuses authentiques expriment la manifestation la plus vraie de la liberté humaine »[1] Il importe également que tous les habitants de l’Univers se concertent pour engager des réformes conséquentes, desquelles proviendront des mesures adéquates pour en arriver à la protection écologique souhaitée.

Telle est l’analyse alternative offerte par le CDSE, laquelle est visiblement plus plausible que celle reflétée par le collectif « Le Grand Larousse de 2018 ». Cependant, comme pour terminer en valorisant la faculté m’offerte à travers l’un des volets de la même élaboration, je ne puis m’empêcher de compléter cette vision : je voudrais mentionner une nuance quelque peu absente en elle : il s’agit de faire état de la nuance « mondialisation culturelle » qui occasionne des dégâts considérables dans des contrées comme celles de notre pays, la R D Congo. Plus concrètement, je fais allusion à ce colonialisme ravageur retrouvable sous la plus d’une certaine Belge : Marguerite A. Peeters, avec son livre intitulé « La mondialisation de la révolution culturelle occidentale »[2]

En résumé, Marguerite A. Peeters stigmatise une énième variante du phénomène « mondialisation », qui s’emploie à impacter négativement sur les pays dits en voie de développement. Les tenants et aboutissants de ce courant optent d’ailleurs pour des voies aussi visibles qu’officielles, telles que celles incarnées par les organismes de Nations Unies comme l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et l’Unicef (United International Children’s Emergency) ou Fonds des Nations Unies pour l’Enfance) ; mais en sont également complices certains des Gouvernements des pays dits de Tiers Monde. La cible privilégiée de ce farouche combat, c’est notamment l’éthique judéo-chrétienne défendant la dignité humaine intégrale. Cela revêt une ampleur et une profondeur telles que l’on a pu le qualifier de « révolution mondiale » ; de fait, ce colonialisme n’affecte pas moins que les domaines de la politique, du développement, des droits de l’homme[3].

L’on peut en illustrer l’agressivité dont il est question en renvoyant à quelques-unes de ses flèches envenimées. Une allusion aux attaques comme celles-ci ; ledit colonialisme culturel préconise :
-         La santé sexuelle et reproductive, une sorte de contrat dans lequel principe de plaisir et obligation doivent s’équilibrer.
-         La diversité de formes de familles : famille monoparentale, famille du mariage homosexuel…
-         Des valeurs universelles au droit de choisir, qui revendique une autorité normative mondiale.
-         Le Protocole de Maputo du 11 juillet 2003 sur les Droits de la Femme en Afrique : il prône notamment les droits reproductifs des femmes, qui comprennent celui de recourir à l’avortement à l’avortement médicalisé pour des motifs relevant de la seule appréciation féminine

3.     AUTRES THEMATIQUES ABORDEES PAR LE CDSE

L’on se permettrait une énorme omission en taisant ces autres thématiques développées par l’œuvre collective CDSE, qui étayent le point de vue positif développé : la mondialisation revêt une portée débordant le simple secteur économique. Je me limiterai ici à en faire cas en reprenant schématiquement ces développements complémentaires. On rencontre dans l’élaboration :
-         Une exhortation très appuyée à l’acte évangélisateur dans le sens de s’efforcer à dégager des principes et directives d’action à base desquels l’on s’engage à promouvoir un humanisme intégral et solidaire (n.7). En d’autres termes et tout simplement, l’on y rencontre un vigoureux service de discernement pastoral (n.10). Ce qui peut s’expliciter en ces quelques deux lignes de démarcation :
o   Une série de dénonciations et encouragements qui mettent sur la piste des projets culturels et sociaux susceptibles d’améliorer le sort du sujet humain (n. 6).
o   Un éventail d’actes concrets qui pousse à aller au-devant des méfaits provenant de la mondialisation mal orientée dans le secteur économique ; ce sont des actes tels (n.5) que : intervenir en faveur des victimes d’injustices ; se solidariser efficacement avec les chômeurs en manque d’emplois élevant ; s’efforcer de mettre fin à l’irrespect dont les frères et sœurs souffrent de la part des détenteurs du pouvoir économique ; agir dans le sens de soulager les peines des affamés chroniques, des analphabètes, des malades dépourvus de médicaments élémentaires, des sans-logis, de nouveaux pauvres en un tel niveau de manque des ressources économiques qu’ils sont poussés à la désespérance, des vieillards abandonnés, des victimes de l’inhospitalité écologique due à la surexploitation des ressources naturelles, des horrifiés par la menace tenace des guerres et enfin ceux – y compris en particuliers des enfants – dont les droits humains sont bafoués.
-         Une attestation de la famille – dûment établie sur le mariage sacramentel – selon laquelle cette dernière constitue une base élémentaire de la vie sociale (numéros 209-219). De fait, renchérira-t-on, c’est au sein de cette cellule que les jeunes éprouvent l’amour et la fidélité de Dieu tout comme la nécessité d’y répondre (n.209) d’une part ; et d’autre part, c’est un contexte approprié où, entre autres, les jeunes « apprennent d’une manière ordonnée et progressive la signification de la sexualité et à apprécier les valeurs humaines et morales qui y sont liées » (n. 243).
-         Un appui conséquent à faire découvrir la valeur incalculable du travail comme source du vrai épanouissement humain (n. 255-322).
-         Une insistance sur la nécessité d’apprendre la politique démocratique fondée sur « l’autorité comme force morale » (n. 377-425).
-         Une persuasion tenace à construire la civilisation de l’amour ; étant donné que « l’amour doit être présent dans tous les rapports sociaux et les imprégner » (n. 580-583).

Telle est la démonstration faite par l’œuvre collective CDSE, une démonstration qui interpelle fortement la grande majorité de vous, à qui l’on vient d’attribuer le domaine social comme milieu spécifique de l’engagement évangélisateur.

4.     POUR CONCLURE

Conformément à la promesse faite au départ, permettez-moi de terminer mon intervention en relevant les plus pertinents des défis suggérés par les lignes précédentes ; ceci surtout que ces lignes tentent d’abonder dans le même sens d’une autre éloquente page de la publication reflétée : la page portant la spiritualité laïque qui concerne la grande majorité d’entre vous. C’est la spiritualité dont la quintessence consiste – pour chacun des sujets concerné – à être saint et sanctificateur par un double encrage : il doit être immergé à la fois dans le Mystère de Dieu et dans la société où il vit avec ses frères et sœurs (n. 545).

Pour faire bref et en essayant de vous interpeller sur base des affirmations-clés du CDSE, j’attirerai votre attention sur la série de défis ci-après.

1.     Conformément au principe selon lequel « l’homme existe comme être unique et inimitable ; comme personne humaine il est la base des actes d’intelligence, de conscience et de liberté » (n. 131). Il en découle que toute société juste ne peut être réalisée que dans le respect de la dignité transcendante de la personne humaine ; la personne « représente la fin dernière de la société » (n. 132). Vous avez ainsi non seulement à respecter en toute circonstance l’existence humaine.
2.     Il y a en outre l’apport nécessaire vous incombant : celui de contribuer efficacement à résoudre les problèmes sociaux, qui vous donne l’occasion d’exprimer « la vérité de votre foi, tout comme, la vérité de la doctrine sociale de l’Eglise. Ce rendement est lié à l’expression de votre présence en société en termes de service gratuit et désintéressé, signe et expression de votre charité se manifestant « dans la vie familiale, culturelle, professionnelle, économique, politique sous des angles spécifiques » (n. 551).
3.     En fonction du principe selon lequel « le travail est un bien de tous, qui doit être disponible pour tous ceux qui en sont capables », on ne soulignera jamais assez ce rôle important et donc une responsabilité spécifique et grave incombant à l’ensemble dont vous êtes partie intégrante, c’est-à-dire qui constituez « l’employeur indirect » ou ces personnes et institutions de toutes sortes qui êtes en mesure « d’orienter, au niveau national ou international, la politique du travail et de l’économie » (n. 288).
4.     En respect des principes concurrentiels selon lesquels d’une part, la communauté politique trouve dans la référence au peuple sa dimension authentique – en tant que l’unité organique et organisatrice d’un vrai peuple » (n. 385) ; et d’autre part, « ce qui caractérise en premier lieu une peuple, c’est le partage de vie et de valeurs, qui est source de communion au niveau spirituel et moral » l’on ne peut que s’attendre à ce que, par votre apport spécifique, que ces biens concurrentiels soient promus, en tant que « valeurs appelées à animer et à orienter tout aspect de votre existence sociale : activité culturelle, vie économique, organisation sociale,.., et toute autre expression de la vie sociale dans sa continuelle évolution » (n.386).
5.     Enfin, conformément à l’authentique culture chrétienne qui reconnaît dans les créatures entourant l’homme comme des dons remontant à Dieu, à cultiver et à garder avec un sens de gratitude envers le Créateur » (n. 464), une culture qui s’abstient absolument de « réduire de manière utilitariste la nature à un simple objet de manipulation et d’exploitation » (n. 463), s’impose à vous une double orientation d’existence : cultiver les spiritualités bénédictine et franciscaine témoignant de « cette sorte de parenté de l’homme avec toute la création en alimentant en lui une attitude de respect envers chaque réalité du monde environnant » (n. 464), d’un côté ; et de l’autre côté, vous ressourcer en la ligne de conduite ancestrale exemplaire faite d’harmonie l’environnement que l’on aura appris à connaître et à préserver » (n. 471).

Voilà, chers auditeurs jeunes co-diocésains, en quoi peut consister mon intervention inaugurale des enseignements programmés en vos premières journées d’ensemble. Et je vous remercie pour votre très aimable attention.

Fait à Isiro, le 11 juillet 2019
+ Julien ANDAVO MBIA,
Evêque d’Isiro-Niangara



[1] Jean Paul II, Discours à l’Académie des Sciences Sociales [27 avril 2001], 4 L’Osservatore Romano, éd. Française, 8 mai 2001, p.9 ; n. 366).
[2] Publié en France, Dépôt légal en mai 2011, Numéro d’impression : 101030.
[3] Ibid., p.102-107.

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